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Marc DECENNEUX « La Bretagne romane » Editions Ouest-France, Juin 1998

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« Les grandes œuvres les plus précoces du roman breton (style) se trouvent pour l’essentiel dans les domaines du comte de Rennes : St Sauveur de Redon, St Melaine de Rennes mais aussi St Gildas de Rhuys et St Paul de Muzillac dans le Vannetais annexé par le duc Conan à la fin du Xième siècle».

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« Un autre cas est plus précis : l’église de Bourg-Paul », ancien sanctuaire paroissial de Muzillac a été détruit dans les années 1930. Nous la connaissons par des descriptions antérieures à sa démolition, un relevé de son plan publié par Roger Grand et, surtout, une photographie de l’intérieur de la nef, conservée aux archives photographiques des Monuments Historiques. Ces documents révèlent qu’elle avait été profondément transformée à plusieurs reprises du XII au XIX ième siècle.

Cependant l’essentiel, c’est-à-dire le vaisseau central de la nef avec ses piles et ses arcades, avait conservé son aspect primitif (exception faite de l’arc d’entrée du chœur, agrandie en tracé brisé). C’est ce que montre la photographie, qui permet de découvrir un volume continu sans croisée marquée, avec de petites fenêtres hautes dans le pignon oriental, au-dessus de l’ouverture du chœur, d’une parfaite similitude avec celui de la nef de l’Ile de Batz. Le transept était traité en croisillons bas très peu saillants, accentuent encore la ressemblance.

Or Muzillac était une seigneurie formant la corne sud-est du comté de Vannes que le comte de rennes et Duc de Bretagne Conan Ier avait annexé dans le dernier tiers du Xième siècle et où il plaçait aux postes de commandement des hommes surs. L’intérêt stratégique de la châtellenie de Muzillac, faisant tampon avec le comté de Nantes et contrôlant deux axes de circulation de première importance (la route Vannes-Nantes et la Vilaine, navigable jusqu’au cœur du comté rennais), en faisait une zone vitale pour les desseins politiques des comtes de Rennes. Il est donc certains que l’initiative ducale s’est là encore exercée dès les environs de l’an mil et peut être en amont de cette date, ce que semblerait confirmer l’étroite similitude des églises de Bourg-Paul et Batz. C’est ainsi un des plus anciens témoins de l’art roman breton qui a été démoli à une date somme toute récente, où l’ignorance des édiles et du clergé ne pouvait plus être considérée comme un excuse. Cette disparition rend d’autant plus précieux les quelques vestiges romans visibles dans l’église voisine de Noyal-Muzillac, qui semble-t-il, offrait à l’origine des dispositions identiques ».

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Certains petits sanctuaires sans transept sont dotés d’un clocher léger reposant sur un échafaudage intérieur formé de poutres verticales descendant jusqu’au sol et appuyés à la base sur des massifs maçonnés. Ces dispositifs sont le plus généralement placés en haut de la nef, juste avant l’arc d’ouverture du chœur……A Noyal-Muzillac, ce système ( qui peut remonter au XIème siècle) existe toujours mais il est logé dans le croisillon sud. Les descriptions anciennes laissent croire qu’il en était de même dans la très ancienne église de Muzillac.

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