La nuit du 10 juin 1815
Attaques des républicains à Muzillac dans la nuit du 10 juin 1815 et riposte des chouans
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Le mardi 14 juillet 1789, Louis XVI, qui revenait d’une partie de chasse, écrira pour cette même date dans son journal intime : « Rien » ; ce n’est que le lendemain, au moment de son réveil, que le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, futur président de l’Assemblée Nationale, annonça au roi la
prise de la Bastille.
Selon Marat : « La Bastille, mal défendue, fut prise par quelques soldats et une foule d’infortunés, la plupart Allemands et provinciaux. Les Parisiens, ces éternels badauds, venaient là par curiosité. »
Le même jour à Muzillac, « l’an de grâce mil sept cent quatre vingt neuf le quatorze juillet », loin des tumultes de la capitale, ce ne furent pas les canons qui résonnèrent mais Marie-Cécile, la première cloche de l’église de Bourg-Pol.
Il est dix heures et demie sonné Entendez-vous carillonner ?
Entendez-vous les cloches ? Entendez-vous carillonner La mariée approche.
Après « les trois bannies faites aux prônes des grand’ messes sans empêchement civil ou canonique », le curé de la paroisse François Guyot, « conjoint en mariage par paroles de présents » Jean Pierre Dréano de Muzillac et Jeanne Boëffard originaire de Noyal. Sans doute que les convives « défilèrent », différemment des Parisiens, au son du biniou et de la bombarde sur un air de bal à quatre ou de ridées.
A dix heures dans Muzillac Oh la belle a dit oui
Elle a dit oui le sourire sur les lèvres Le cœur charmé de se voir mariée.
Avant la Révolution, en Bretagne, la loi qui régissait les actes importants de la vie (naissance, mariage, décès) était la Coutume de Bretagne contenant les règles du droit breton. Pour le mariage, quand les époux étaient mineurs et orphelins de père, la Coutume de Bretagne imposait une décision de justice de la juridiction compétente pour les autoriser à se marier. Un document, le « décret de mariage », était écrit en présence des membres de la famille et des proches amis. Les juridictions de Bretagne ont disparu à la Révolution (les juridictions étaient des seigneuries, peu de chances pour qu’elles survivent à la Révolution). Tous les privilèges et toutes les particularités administratives qu’avait la Bretagne ont été également supprimés à la Révolution, les décrets de mariage avec.
Les mariés vécurent-ils heureux et eurent-ils beaucoup d’enfants ? Nul ne le sait. Mais nous connaissons un peu mieux la vie du célébrant de ce mariage : François Guyot, recteur de Muzillac depuis 1776. Comme de nombreux prêtres de la région, il choisira de ne pas prêter serment à la Constitution et de s’exiler à Biscaye, près de Bilbao, en Espagne, en septembre 1792. De son exil, il écrira, en mars 1793, une lettre en breton à sa servante Françoise Milles. Une phrase de cette lettre décrit l’ambiance de la période « …dans l’orage qui commence il y aura beaucoup d’angoisse pour tout le monde et pour moi-même… ». Effectivement la République est en danger et cette période de terreur aura un impact très fort sur la vie sociale. Les occasions de fêtes, notamment les mariages furent moins nombreux : seulement deux célébrations en 1793 contre une moyenne de 13 les années précédentes. Mais très vite, le caractère rituel des noces reprend sa place : en moyenne près de 22 mariages sont célébrés entre 1797 et 1800. Cependant il faut tenir compte qu’entre le 1er vendémiaire an VII (22/09/1798) et le 7 thermidor an VIII (26/07/1800) tous les mariages du canton sont enregistrés à Muzillac, chef-lieu du canton.
Adieu, la fleur de ma jeunesse Adieu, l’aimable liberté.
Adieu, l’aimable liberté de fille
C’est aujourd’hui que je dois la quitter. C’est aujourd’hui que je quitte mon père, Ma pauvre mère avec bien des regrets Pour devenir la compagne sincère
Du tendre ami que j’aimai en secret.
(Chanson à faire pleurer la mariée, entendue auprès d’André Bocéno de Bourgerel en Arzal)
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