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La corderie

Sur l’actuelle route de Péaule, au lieu dit « La corderie », existaient une chapelle & un cimetière affectés aux cordiers. Les cordiers étaient considérés comme les descendants des lépreux et condamnés par les tribunaux ecclésiastiques à vivre séparés des gens sains jusqu’à leur dernier soupir. Il leur était remis après l’office des morts (car ils étaient dits « morts quant au monde ») un trousseau contenant notamment un petit baril. pour recevoir le breuvage que la charité leur offrait. Ce baril, en vieux français se nommait caquin d’où l’extension à son porteur et cacoux en breton.

Cette chapelle de « saint-Eutrope »(1) ou « de la Madeleine » (2) se situait très probablement à l’emplacement actuel du collège Sainte Thérèse, les parcelles 940 & 941 portant le nom de « clos de la madeleine » ou aux abords de l’actuelle rue Jean-Michel Caradec, les parcelles 344 & 345 portant le nom de « clos saint Eutrope ». Il convient également de noter que le lieu dit situé en face de la corderie a conservé le nom de landy (ou clandy du breton Klan malade et ti maison).

Comme on peut le voir ci-dessus, les cordiers Julien Bruant en janvier 1638 et Olivier Bruant en janvier 1669, furent inhumés dans cette chapelle Saint Eutrope qui avait la particularité de ne posséder aucune cloche, les fidèles étant conviés à l’office à l’aide d’une claquette en bois, apanage des lépreux. Elle dépendait toutefois de l’église principale de Bourg-Pol.

Les cordiers achetaient le chanvre aux paysans puis le peignaient et le filaient. Les fils étaient croisés par des roues tournées par un homme. Des espèces de râteaux de bois étaient espacés de manière régulière et maintenaient les fils à hauteur du sol. Un fil de 110 mètres donnait après torsion une corde de 80 mètres, laquelle était ensuite enroulée sur un touret, lui donnant l’allure d’une grosse bobine. Cet artisanat nécessitait un vaste espace et se pratiquait généralement le long d’un chemin.»

Le vieux plan cadastral nous montre les terres à proximité de la corderie divisées en une foule de petits clos très longs et peu larges Or, on sait que les léproseries rurales étaient ainsi organisées, chaque lépreux ayant sa maisonnette et son jardinet qu’il cultivait lui-même : le morcellement du cadastre et la taille des parcelles à cet endroit, remonte fort probablement à cette époque.

1) Saint évêque d’Orange ayant réalisé nombre de miracles en faveur des malades et des affamés.

2) Sainte patronne des exclus et, par extension, des cordiers et des lépreux.

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