Toponymie de nos lieux dits
Tableau de toponymie de nos villages ou lieux-dits
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» A la sortie de Bourg-Pol, route de Noyal-Muzillac, figure au cadastre un lieu-dit la Lande Baule ce nom provenant sans aucun doute de Lannpaol, -Lann signifiant, en breton, lieu sacré, (« désignant à l’origine un espace découvert et dont le sens a dérivé en enclos religieux » (Riou), et -Paol ou Pôl (l’accent circonflexe indiquant une contraction de Paol)). Lannpaol révèle donc un lieu, un enclos religieux consacré à Paol. Cette appellation Lannpaol > Lannbaol > Lande-Baule était restée dans la mémoire locale et a été reprise au cadastre, cent trois parcelles situées à environ quatre cents mètres de l’église dédiée à saint Pôl, réparties en deux groupes, de part et d’autre de la route départementale, au nord de l’ancienne ferme de la Lande Baule. Avant la construction de cette route, ces parcelles couvraient dix huit hectares d’un seul tenant et on ne peut que s’interroger sur l’origine d’une tenue de cette importance consacrée à Pôl, à proximité de l’église, alors qu’il n’existe pas d’autre lieu-dit de ce nom dans la commune, même autour de Bourg-Pol. D’autant que la partie, actuellement à l’ouest de la route, présente une forme pratiquement rectangulaire d’environ 170m x 130m, entourée d’un chemin sauf au nord, configuration qui évoque l’emplacement d’un enclos morcelé en parcelles desservies par un sentier tracé en son milieu, avec, dans l’angle sud-est, une vieille fontaine dénommée Bonne fontaine, (sans doute déformation de Baol Feunteun ). Il n’existe cependant aucune indication écrite de la création d’un monastère ou d’un ermitage par saint Pôl lui-même ou l’un de ses disciples dans notre paroisse si éloignée du pays de Léon.
Etant donné les caractéristiques de la Lande Baule (étymologie, proximité de l’église de Bourg-Pol, forme, superficie ,etc…), l’histoire de ce site est sans doute, selon Job an Irien, due à un arrêt de l’évêque Mabbon en ce lieu lors de la translation des reliques de saint Pôl. Ce périple pouvait durer plusieurs années entrecoupées de haltes fréquentes et longues. Etant donné les relations données par Job an Irien, entre le monastère de Rhuys et Muzillac, Mabbon pourrait être passé par Rhuys, même s’il n’y a pas séjourné,Y.Riou soulignant que Rhuys avait déjà été détruit par les Scandinaves. De Rhuys pour se rendre à Fleury-sur-Loire, son itinéraire pouvait difficilement ne pas traverser la région de Muzillac, en empruntant les voies romaines (lesquelles resteront, à l’exception des simples chemins, les meilleurs moyens de communication au Moyen-Âge et même jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles, selon Louis Pape). Or il existait une telle voie romaine au nord de la paroisse venant de Surzur, à l’ouest, par Saint-Gourlais, Brehoty, traversant en direction de l’est le vallon de Penmur (l’étang n’ayant été créé qu’aux environs du milieu du XIVe siècle par les moines de Prières), soit par Treguen en direction de Pouldruenne, soit par Trebon, Le Moustero (où précisément sera fondé le prieuré Saint-Gildas par l’abbaye de Rhuys dont on trouve mention en 1544), enfin Kéralio, reliant celle de Vannes à Port Navalo, pour rejoindre Portus-Nannetum. Ainsi Mabbon, empruntant cette voie avec les reliques de saint Pôl, a fait étape à proximité de la colline où était installé le Plou de Musullac et a demeuré quelque temps en cet endroit qui adopta, par la suite, le nom de « Lannbaol lieu consacré à Paol ». Avant que le Plou ne soit lui-même placé sous le patronage du saint. Il apparaît donc que l’existence du lieu-dit Lande Baule constitue la confirmation de l’hypothèse avancée par le Père Job an Irien. […]
Mais pourquoi Bourg-Pol et non pas Plou ou Gui comme c’est fréquemment le cas en Basse-Bretagne (Nord Finistère) ? Le terme Bourg (bourk, bourc’h, du germanique : burg) désigne le centre du village, le chef-lieu de la paroisse où les habitants plus nombreux que dans les autres villages se regroupent autour de l’église, ce qui était la situation de Bourg-Pol éloigné des plus petits hameaux dispersés dans la campagne. Selon B.Tanguy » c’est à partir du XIe-XIIe siècle que s’est répandu l’usage du mot « burgus ». Pour Y.Riou, le glissement sémantique vers Bourg-Pol est peut-être dû au déplacement du centre paroissial primitif vers le bourg, chef-lieu de la paroisse.
Ainsi notre pays aurait pu s’appeler » Lampaul-Muzillag » !
Texte extrait de « Histoire de Muzillac en Basse-Bretagne »
collection dirigée par M.-G. Micberth
avec l’aimable autorisation de l’auteur Claude Le Duigou.
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