Carnet de voyage Rhené-Baton

De son vrai nom RenéEmmanuel Baton, Rhené-Baton est un chef d’orchestre et compositeur français né à Courseulles-sur-Mer (Calvados) le 5 septembre 1879 et mort le 23 septembre 1940 au Mans (Sarthe). Sa famille est originaire du pays de Vitré et de Rennes, mais c’est à Paris qu’il effectue des études classiques avant d’entrer au Conservatoire de musique de Paris. Très vite, Rhené-Baton se sent attiré par la direction d’orchestre. Chef de chœur à l’Opéra-Comique (1907-1908), il est choisi pour diriger le « Festival de musique française » donné en Allemagne à Munich en 1910. Il dirige successivement la Société des Concerts Populaires d’Angers, la Société SainteCécile de Bordeaux, l’orchestre des Ballets Russes avant d’être élu chef adjoint des Concerts Lamoureux à la veille de la Première Guerre mondiale. De 1918 à 1932, il prend la direction des Concerts Pasdeloup. Il mène en parallèle une carrière internationale à travers toute l’Europe et l’Amérique du sud. Rhené-Baton découvre la Bretagne à l’âge de 19 ans : « J’ai eu, dit-il, la révélation absolue de n’avoir été jusque là qu’un déraciné. J’ai senti que j’étais lié à ce pays par toutes les fibres de mon être ». Un certain nombre de ses œuvres parlent donc de cette terre qu’il affectionne et où il aime passer très régulièrement ses vacances. Il s’est plus particulièrement attaché à décrire la Bretagne dans des sortes de tableaux pittoresques et touchants qui sont autant de scènes traditionnelles saisies sur le vif : « Au pardon de Rumengol », « En Bretagne », « Vieille chapelle en Cornouaille », « Pour les funérailles d’un marin breton ».

Attiré par la mélodie, il choisit parfois de mettre en musique des poètes bretons tel Auguste Brizeux (Le Clocher). Il entretient aussi d’excellentes relations amicales avec d’autres compositeurs bretons comme Paul Le Flem et Paul Ladmirault. Dans sa suite de six pièces pour le Piano « En Bretagne », Rhené-Baton compose en décembre 1908 une pièce intitulée « Vieille diligence sur la route de Muzillac ». En écoutant cette œuvre cent ans après sa création, nous imaginons les conditions de transport, les matériels et les personnels de cette activité bruyante qui assuraient dans des conditions très pénibles, sur des chemins souvent épouvantables, le transport des gens. On y entend le grand galop des chevaux. On imagine les arrêts dans les relais de poste qui disposaient d’écuries où les chevaux étaient au repos en attendant une nouvelle course. La variation des tempos, Allegro puis Andantino con moto, nous laisse imaginer que ce n’est pas seulement la cadence de la diligence mais aussi les jolis paysages de la campagne muzillacaise qui lui ont inspiré cette œuvre.