Un duc de Bretagne à Muzillac
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C’est au cours de la seconde Restauration (1815-1830), que deux duchesses, celle d’Angoulême et celle de Berry, ont parcouru le sud du Morbihan pour ranimer les fidélités à la couronne. 21 septembre 1823 : la Duchesse d’Angoulême passe en « douceur » sur le pont de Penesclus. Marie-Thérèse Charlotte de France (1778-1851) est la fille aînée du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche. Elle est le seul membre de la famille royale à avoir survécu à la Révolution. Le 10 juin 1799, en épousant son cousin, Louis Antoine d’Artois, elle devient duchesse d’Angoulême, puis dauphine de France, puis en exil comtesse de Marnes. Rentrée en France en 1814 lors de la Restauration, après vingt années d’exil, la duchesse d’Angoulême défend la monarchie. Dans un courrier du 2 avril 1825, le directeur de l’administration générale des départements, rattaché au Ministère de l’intérieur, écrit au préfet du Morbihan pour lui annoncer qu’il pourra « faire emploi de l’allocation de deux mille cent soixante et onze francs cinquante trois centimes… pour rembourser les communes des dépenses faites en 1823 à l’occasion du passage de S.A.R Madame la Dauphine, alors Duchesse d’Angoulême ». Un relevé des dépenses, conservé aux Archives départementales du Morbihan, permet de suivre le trajet de la duchesse dans le canton de Muzillac. Le maire de Billiers réclame ainsi le remboursement du pain, du beurre et du vin fournis à la garde nationale lors du passage à Muzillac. Le maire d’Ambon, quant à lui,
demande remboursement pour les « objets » qu’il a fournis aux habitants qui ont assisté au passage de son Altesse madame la duchesse d’Angoulême ; la liste précise : pains, beurre, 2 barriques de cidre, 2 sonneurs. Les aubergistes de Muzillac, Gapet et Bodo du Lion d’Or, demandent le remboursement de pain, beurre et cidre fournis à la garde nationale et aux administrés de Péaule. Pour la commune de Muzillac, les dépenses sont d’une autre nature : 80 charretées de sable pour couvrir le pont de Penesclus. La Duchesse dut apprécier l’accueil des Muzillacais et de son maire Guillaume Mauduit, puisque, lors du conseil municipal du 28 février 1825, les élus espérèrent « un don suite au passage de son altesse royale madame La Dauphine en la commune en 1823 » pour la construction de la chapelle Saint-Julien. Quelques années plus tard, la Princesse Adélaïde (1777-1847), sœur cadette et égérie de Louis-Philippe, roi des Français, consent un don de mille francs, et la Reine Amélie un cadeau d’un tableau en tapisserie représentant le Christ en croix. Le 23 juin 1828, c’est au tour de la duchesse de Berry (1798-1870), 5 ans après sa belle-sœur la duchesse d’Angoulême, de visiter le pays de Muzillac. Épouse de Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, fils de Charles X, elle est la mère d’Henri d’Artois, prétendant légitimiste au trône de France. Au nom de son fils, elle tente en vain de prendre le pouvoir en France en 1832 en qualité de « régente » et suscite l’insurrection royaliste dans l’Ouest de la France. La Duchesse donna un « bon de la somme de 60 francs » à la commune de Muzillac, deux autres bons au « profit de deux individus » domiciliés à Muzillac et 60 francs pour l’église d’Arzal.
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