Accueil / Histoire, évènements / Guerre 39-45 / La résistance à Muzillac 1944

La résistance à Muzillac 1944

En 1942, arrive à Muzillac un nouveau chef de district Mr Émile Le Grevellec (fonctionnaire chargé des réquisitions). Au printemps 1943, il est nommé chef de section dans la résistance et recrute seul sa section de volontaires sur Muzillac : Mr Marcel Madec le boulanger de la grande rue, Mr Marcel Le Drogoff, du village de Brangourenne, Melle Adèle Le Corvec meunière au moulin de St Vincent.
En décembre 1943, il réceptionne des armes pour sa section, il en assure le transport et le camouflage : il choisit le moulin de St Vincent isolé en campagne et où il se rend régulièrement pour des réquisitions de farine. Dénoncé, il est arrêté le 31 mars 1944. Après l’arrestation de leur chef, l’équipe s’interroge : Que faire ? Faut-il partir ?
Marcel Madec pense que son absence va être remarquée. Adèle Le Corvec a ses parents âgés à charge et le moulin à faire tourner avec deux salariés. Elle ne peut pas partir. Tous trois décident de rester.
Deux hommes se présentant comme des amis d’Emile le Grevellec arrivent à Brangourenne et demandent à parler à Marcel Le Drogoff. A peine sorti de chez lui, il est mis en joue par deux miliciens. La gestapo arrive aussitôt.
Ne perdant pas son sang froid, son père Théodore, sitôt les allemands partis, prend son vélo, part par les chemins et arrive à Muzillac avant eux. Il se précipite dans le fournil de la boulangerie, annonce l’arrestation de son fils à Marcel Madec et lui dit de fuir. Un voisin le conduit à Péaule avec sa camionnette. De Péaule il gagne Malestroit et prend le maquis.
N’ayant pu capturer Marcel Madec, la gestapo se rend au moulin de St Vincent. Les allemands savent que des armes y sont cachées. Devant le mutisme d’Adèle Le Corvec, ils frappent très violemment les deux meuniers Albert Le Droguenne et Hubert Logoden. Adèle indique la cachette pour faire cesser ces violences. Ils sont tous les quatre incarcérés à Rennes.


Émile LE GRÉVELLEC


Né le 28 octobre 1914 à Larmor (Larmor-Baden, Morbihan), fusillé après condamnation à mort le 8 juin 1944 dans la caserne du Colombier à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; agent au Ravitaillement général du Morbihan ; résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et du réseau Action.
Émile Le Grevellec était le fils d’Émile Marie Le Grévellec, instituteur public, et de Marie Joséphine Le Barch, sans profession, domiciliés à Larmor en Baden (Larmor-Baden, Morbihan). Il avait épousé Marie Thérèse Hervé le 10 avril 1939 à Étel (Morbihan). Le couple qui résidait à Muzillac (Morbihan) avait trois enfants. Il rejoignit les Forces françaises de l’intérieur au sein du 2e Bataillon FFI (ORA) du Morbihan, commandé par Yves Le Garrec. Chef de district à Muzillac (Morbihan), il fut chargé de recruter d’autres membres pour son groupement clandestin. Il constitua également des dépôts d’armes et d’explosifs dès le mois de septembre 1943. Suite à une dénonciation, il fut arrêté le 31 mars 1944 à Muzillac par la Sipo-SD pour « actes de franc-tireur » au cours d’une vaste opération qui démantela une partie des cadres de l’Armée secrète.
Condamné à mort le 7 juin 1944 par le tribunal militaire allemand (FK748) de Rennes (Ille-et-Vilaine), Émile Le Grévellec a été fusillé le lendemain dans la caserne Le Colombier à Rennes. Il a obtenu la mention  » Mort pour la France « , le titre d’Interné-résistant et a été homologué FFI. La carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui a été attribuée à titre posthume en 1952.
En Ille-et-Vilaine à Rennes, le nom d’Émile Le Grévellec est inscrit sur la stèle des fusillés de la caserne du Colombier et sur le monument de la Résistance érigé dans le cimetière de l’Est.

Obsèques des fusillés du 8 juin 44 au Colombier

Dans le Morbihan, il figure sur les monuments aux morts de Muzillac et de Larmor-Baden, sur le monument d’Auray dédié aux FFI du 2e Bataillon du Morbihan, et sur la stèle érigée sur la plateau de la Garenne à la mémoire des « Résistants-Déportés politiques-Fusillés » à Vannes.

Marcel Le Drogoff.

Emprisonné à la maison d’arrêt de Rennes, il est embarqué dans le dernier train de déportation en partance de Rennes le 3 août 44. Il s’évade dans la nuit du 3 au 4 aout à Saint-Mars-du-Désert en « Loire- Inférieure » avec 31 autres hommes. Par malchance, une patrouille allemande stationnée à 50 m, lance des fusées pour prévenir le train. Les recherches durent de 1h à 4h30. Au petit matin 3 corps et un blessé grave (qui sera achevé par la patrouille) sont retrouvés. Marcel Le Drogoff est l’un des tués. Ils sont transportés à la salle de patronage transformée en chapelle ardente. La population fournit les linceuls et des cercueils en chêne. Le dimanche, les obsèques sont célébrées en présence de toute la commune, dans une région toujours occupée. Le 22 juin 1947 en présence du général Audibert, est érigé sur le lieu du massacre un monument portant le nom des 4 fusillés.

Adèle Le Corvec.


Arrêtée sur dénonciation par la Gestapo, pour détention d’armes et recrutement de volontaires, elle est condamnée à mort le 7 juin 1944. Sa peine étant commuée en déportation, elle est emprisonnée à Rennes. Le 2 août 1944, alors que les Américains sont aux portes de Rennes, elle prend le dernier train « dit de Langeais » à destination de l’Allemagne.


A Fort Hatry à Belfort, le train est arrêté par l’officier commandant le fort qui veut renter en Allemagne (il a quelques crimes à son actif et ne tient pas à tomber aux mains des américains).
Le sous lieutenant Charles SCHLADENHANFEN, alsacien, est incorporé de force dans la Wehrmacht en avril 1943. A peine arrivé à la prison de Nantes en tant qu’adjoint au surveillant-chef allemand, il s’engage dans l’action anti allemande et la résistance. L’action de « Charly » commence par la transmission, la circulation des courriers et des colis, puis les liaisons entre les chefs et compagnons de la résistance. Le 4 août 1944, des prisonniers de la maison d’arrêt de Nantes sont incorporés au convoi et Charles SCHLADENHANFEN est affecté en tant que chef de groupe à la surveillance d’un wagon. Dès l’arrivée du convoi à Belfort le 15 août dans la matinée et l’enfermement des prisonniers au Fort Hatry, « Charly » s’emploie à faire libérer des captifs. arguant auprès de son chef allemand de l’avantage que celui-ci pourrait tirer de la réduction du nombre de prisonniers et son propre salut face à l’avancée des troupes alliées et Françaises. Il met en avant l’absence de dossiers, Il trafique d’autres et en détruit un certain nombre.
C’est ainsi que 241 prisonniers dont 70 femmes vont être relâchés du 24 au 29 août avec la recommandation de disparaître du secteur dans les plus brefs délais afin d’échapper aux recherches.
Parmi eux, Adèle Le Corvec qui rentrera plus tard à Muzillac.

Albert Le Droguenne.

Emprisonné à Rennes, il prend le même train qu’Adèle Le Corvec, puis quitte Belfort le 29 août 1944 vers le camp de Neuengamme. Il est ensuite transféré à Wihilmshaven, puis au camp de Sandbostel où il décède le 12 mai 1945 juste avant son rapatriement.

Monument aux morts de Theix


Marcel Madec.

Est démobilisé le 10 aout, puis est intégré dans l’armée française (dès qu’un secteur est libéré les résistants sont démobilisés et intégrés dans l’armée). Il y reste jusqu’au 21 octobre 1945. Il revient à Muzillac et reprend la boulangerie familiale jusqu’en 1956.

Hubert Logodin.

Emprisonné à Rennes, prend probablement le même train jusqu’à Belfort. Pas d’autres renseignements sinon qu’il décède au camp de concentration à Sandbostel en avril 1945.

Camp de Sandbostel.

René Le Touzic
Parachutiste de la France Libre

Fils de Jean Marie Le Touzic, facteur des Postes à Damgan (Morbihan), et de Marie Louise Savary, René Le Touzic né le 25 décembre1916 a été adopté par la Nation par jugement du tribunal civil de Vannes en date du 20 novembre 1928. Il épouse Simone Marie Augustine Catrevaux et le couple s’installe à Billiers.
Engagé dans la Marine nationale comme mécanicien en mars 1937, René Le Touzic est affecté sur le contre-torpilleur Audacieux, puis en juillet 1940 au fort de Cap Brun à Toulon (Var). Il rejoint la Grande-Bretagne en février 1943, rallie les Forces françaises libres (FFL) à Londres et s’engage en avril 1943 dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Après plusieurs stages d’entraînement, il est breveté à Ringway près de Manchester et affecté au 2e Régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP) ou 4e SAS ( Special Air Service) du commandant Bourgoin. La mission des SAS est de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquis bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne.
Caporal–chef au 2e RCP, René Le Touzic est parachuté le 10 juin 1944 dans les Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) dans le cadre de la mission Samwest. Le 11 juillet 1944, il se trouve à l’écluse de Guillac
(Morbihan) pour effectuer une liaison avec le commandant Bourgoin, quand la maison de l’éclusier est cernée par les agents français de la Front Aufklärung Truppe (FAT). Le commandant Bourgoin réussit à s’échapper, mais René Le Touzic est capturé et emprisonné à la clinique Saint-Martin de Josselin, lieu de détention, d’interrogatoire et de torture.


Le 3 août 1944, avant de quitter Josselin pour se replier vers la poche de Lorient, les Allemands fusillent les sept derniers prisonniers de la clinique Saint-Martin, parmi lesquels se trouve René Le Touzic. Il obtient la mention « Mort pour la France ». Dans le Morbihan, le nom de René Le Touzic est inscrit sur le monument commémoratif érigé place Saint-Martin à Josselin, sur le monument aux morts de Muzillac, commune où il est inhumé, et sur le mémorial des parachutistes SAS de la France libre à Plumelec avec l’inscription « J. » comme initiale de prénom. Son nom a été donné à une rue de Damgan. En Saône-et-Loire, il figure sur le mémorial international des SAS à Sennecey-le-Grand.

D'autres articles dans cette catégorie