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Témoignage local débarquement 14 septembre 1944

14 Septembre 1944 : débarquement d’Allemands au Moustoir et panique pour la population

Début août 1944, Muzillac et la rive droite de la Vilaine sont évacués par les Allemands, grâce aux Américains. La rive gauche fait partie de la poche de St Nazaire jusqu’en mai 1945. 

Les allemands déclenchent, le 14 septembre 1944, un débarquement  au Moustoir en Arzal. 

Monique Juhel née Guillas (Kerboyant)

Jean Le Mailloux ( Kermasson)

Jeanine Le Mailloux née Sero (Kerboyant)

André Bocéno (Bourgerel)

MJ J’avais 11 ans à l’époque et je gardais les vaches vers la Lande Verrien…J’étais pas très loin du théâtre des opérations.

Par un bel après-midi ensoleillé, vers 18 heures,  j’ai entendu un bruit inhabituel mais je n’ai pas réalisé. J’ai compris quand ma mère est venue en courant me prévenir, les sabots à la main. « Il faut laisser les vaches au pré, les allemands ont débarqué au Moustoir…. » Les balles sifflaient dans les sapins.

Les FFI ne s’attendaient pas à une telle surprise. Les battages battaient leur plein à Bougerelle. La cale du Moustoir n’était pas suffisamment surveillée. Quand ils se sont rendu compte, un grand nombre de bateaux avaient franchi la Vilaine. Ils ont demandé des volontaires pour aller compter les canots… Il s’agissait de voir sans être vu….

JLM Les FFI préféraient suivre la machine. En face, ils étaient malins aussi car le matin, ils avaient vu les battages chez Dréno au Moustoir. Ils savaient que les gens étaient occupés

C’est le poste de Kerdavid qui a vu les bateaux en premier…..Je crois qu’il devait en avoir un au Moustoir. Je l’ai appris plus tard. AB : Roger Bourse a tout vu

MJ Dès qu’ils mirent pied à terre, ils s’engagèrent vers Coëtsurho et  Kerantré

Les premiers accrochages eurent lieu. Plusieurs hommes tombèrent de chaque côté. C’est là que le lieutenant Fromentin trouva la mort. Une rue de Vannes porte son nom.

Ils mirent le feu à la ferme Paulais, puis ils continuèrent vers Muzillac.

AB Les allemands ont descendu par le petit chemin du borgniel…..

Les familles de Xavier Paulais et Raymond Rio sont restées sur place

JLM André, tu te rappelles du noir Zacharie. Il était dans une petite grange à Paulais avec un fusil mitrailleur. Il en a descendu par une petite lucarne. 

Ils ont mis le feu dans la  paille pour brûler les morts.

Eugene Tabart, son frère, et Jean Le Bras ont été voir le lendemain.

Ils ont vu des cranes dans le paillé. Nous, nous n’avons pas vu……

MJ Raymond, mon frère est allé aussi le lendemain……

Leur progression fut stoppée vers le Rohec par l’arrivée des américains venus de Vannes. Les assaillants étaient plusieurs centaines. Ils durent rebrousser chemin à la faveur de la nuit.

MJ Les villageois les plus proches, durent partir plus loin au Nord, et passer la route nationale pour les plus valides. Nous étions une dizaine de personnes à Trévenan, dont un bébé de quelques mois (

Eugène née le 30 mai) chez Anne-Marie, la sœur à MarieAnge…Allongés sur des lits, nous étions très angoissés car nous avions laissé des personnes derrière nous.…Ma mère avait emmené mon père, qui était très malade, jusqu’ai Renaud. La mère Jeanne Tabard (née Boceno) n’a pas voulu quitter ses vaches à Kerboyant. Elle s’est mis à l’abri d’une haie de lauriers, dits bénis. Pour elle,  elle était garantie là, elle était restée à surveiller ses bêtes …..Ma sœur avait porté sa mère car elle avait des problèmes pour marcher Ca fait voir ce que vive des réfugiés. Mon frère nous donna des nouvelles car il avait aidé à enlever les corps pour les mettre dans l’ambulance.

JLM Nous étions partis à Kermoisan après avoir rentré les vaches et les laisser à la garde des parents. Clément Tabart est resté aussi sur place.

A Bourgerel, les battages étaient finis, ils étaient à manger. Le propriétaire (Madouas ou David) a enlevé ses courroies et laissé la machine sur place.

La femme d’Eugène Robert et le père Bourse de Kerarnio,  avaient envoyé les vaches au pont marais, à côté de la Noë au père Béret (parcelle David) . Ils les ont menées par la route sans mélanger les troupeaux.

AB On était à la balle, Les battages venaient du Moustoir (la petite avait 15 jours) chez Robert puis Tabart ; les bœufs étaient liés pour aller chez Jego.

Chacun allait de son côté. On (Auguste Triballier et ton père) est tous parti jusqu’à Kervor puis Kerbasquenne mais je suis revenu le lendemain … et en cours de route, j’ai rencontré des FFI qui sortait du « keller » en traversant le village. Les lapins, les cochons étaient tous mélangés

Ma mère était à « chauler »  des choux,  je ne sais pas où elle était partie, elle n’était pas avec moi. Mon père était resté dans le bois sous

Roz. La nuit était très claire……

Célestine de Kerberné est restée toute seule sous son pressoir.

Jeanne Guillotin était restée dans une petite grange. 

 A Kerbasquehenne, on ne sortait pas,  on était tous sur le même lit avec un seul pot de chambre

JLM Moi j’avais 12 ans et je n’étais pas au battage. Le lendemain, on avait trouvé des éclats

MJ Las américains nous arrosaient copieusement avec des obus de mortier qui explosaient en touchant le sol. Ils (obus à grenailles) faisaient du dégât. Un bœuf a été tué à Coëtsurho..

Il est étonnant qu’il n’y ait pas eu de morts civils.

Jeanine Sero…….Nous sommes allés à Kerdrimet, puis les parents sont venus nous chercher

 Aimé Magres, Raymond Guillas et Jean Tabart se sont engagés dans les FFI, pour la durée de la guerre. Jean Tabart est mort dans un marais d’Alsace en janvier 1945. Raymond avait été réformé. Aimé s’est engagé et a fait l’Indochine

NB Des obus étaient tombés en 1943, c’étaient des bombes larguées par un avion qui allait vers Saint Nazaire, dans un triangle (Marais de Roz (Le Loc’h), Kervor, Kerboyant). Les toits étaient criblés d’éclats ….

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