Arbre de la liberté 1792

L’usage de planter des arbres comme signe de la joie populaire est immémorial.
On le trouve chez les Gaulois comme chez les Romains. Ces arbres eurent pour précurseurs l’arbre de mai, que l’on plantait dans beaucoup d’endroits pour célébrer la venue du printemps.
Depuis la période de la Révolution française la plantation d’un arbre est un symbole de la liberté. Il symbolise aussi en tant qu’arbre la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est devenu au cours du XIX^e siècle un des symboles de la République française avec la Marianne ou la semeuse. Il figure depuis 2002 sur les pièces françaises d’un euro et de deux euros.
Les plantations d’arbres de la liberté se multiplient au printemps et à l’été 1792 : la France, en guerre contre l’Autriche, est saisie d’un élan patriotique, et la défense de la patrie se confond avec celle des conquêtes de la Révolution. L’arbre devient donc un symbole fort de l’idéal révolutionnaire.   Plantés, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent d’une localité, comme signes de joie et symboles d’affranchissement, ces végétaux devaient grandir avec les institutions nouvelles. A Muzillac, c’est sur la place Saint-Julien que l’arbre de la liberté est planté sans doute au cours de l’année 1792. Mais cette plantation ne plaît pas à tous…Dans la nuit du 10 au 11 août 1792 l’arbre de la liberté est coupé. Le juge de paix de l’époque, Pierre-Vincent Girard, nous relate la découverte de cet incident insolite :  

« 11 août 1792
Ce jour onze août mil sept cent quatre vingt douze l’an quatre de la liberté nous Pierre Vincent Girard juge de paix du canton de Muzillac assisté de François Le Chaudellec et François Le Coëffec nos assesseurs ordinaires et M Louis Seréc maire de Muzillac sur l’avis a nous donné que certains quidams ont dans la nuit dernière coupé et abattu L’arbre de la liberté qui avait été planté sur la place de St Julien du dit Muzillac, nous nous sommes transportés jusque sur la dite place et ayant vu et visité le dit arbre nous avons remarqué qu’il a été coupé en partie par le moyen d’une scie environ deux pieds de terre et renversé que le bonnet qui était au bout d’icelui et qui était en fer blanc a été enterré.Après quoi nous nous sommes transportés jusque chez les prochains voisins du lieu où était planté le dit arbre et avons reçu leurs déclarations ainsi qu’il suit. François Le Berd aubergiste demeurant sur la place du dit Saint-Julien interpellé de nous déclaré s’il avait quelque connaissance de ceux qui pourraient avoir scié et abattu l’arbre de la liberté et enterré le bonnet en fer blanc qui y était attaché, nous a déclaré n’avoir aucune connaissance de fait ci-dessus et a signé.
Jacques Boulio marchand perruquier demeurant place Saint-Julien et vis-à-vis du lieu où était planté le dit arbre nous a également déclaré ne savoir qui a pu commettre ce délit..et a signé.
Julien Garet menuisier demeurant sur la place de Saint Julien a déclaré n’avoir vu ni su qui a abattu de dit arbre et a signé. 
Pierre Bouillard aussi menuisier demeurant en la même place Saint Julien a déclaré rien vu ni su et a signé sa déclaration.
Vincent Bouillard et Jean François Le Tallio menuisiers a déclaré ne savoir qui avait abattu l’arbre de la liberté le dit Vincent Bouillard a déclaré ne savoir signer et a le dit Tallio signé. De tous quoy nous avons fait et dressé le présent sur les lieux des dits jour et an que devant. 
F Chaudellec Girard Brohan secrétaire Serec maire. »   L’arme du « crime », une scie,  n’ayant pas été retrouvée (dans les nombreux ateliers de menuiserie de la place Saint-Julien !), l’affaire fut sans doute classée sans suite …

Source texte et photo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_la_libertéSource document : ADM Lz 1467