Vieux couvent, centre culturel en 1989
Historique du couvent des Ursulines au centre culturel
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On ignore la date exacte de sa construction mais on estime qu’elle daterait de la fin du dixième siècle ou du début du onzième. Selon l’historien Marc DECENNEUX, elle fut probablement l’une des premières églises romanes bretonnes, comme Saint Sauveur de Redon ou Saint Gildas de Rhuys. L’église de Bourg-Pol fut remaniée par la suite, avec sa partie haute construite au XVI ième siècle.
Pourquoi ce lieu ?
Du sommet de sa colline, Bourg-Pol représentait un point stratégique, au croisement de la voie romaine et de la voie fluviale, un endroit idéal pour faire front aux envahisseurs normands. À cette époque, les églises étaient financées par les seigneurs locaux. En créant un hameau tout autour du bâtiment religieux, les seigneurs montraient leur puissance et favorisaient un essor économique. Les églises, en tant que biens privés, rapportaient par ailleurs des revenus aux seigneurs, grâce aux offrandes des paroissiens et aux diverses redevances imposées.
Finalement, le village de « Mussulac » s’étendra plus tard en bas de la colline, en raison des meilleures facilités d’accès.
Pourquoi ce nom ?
Saint Pol (ou Saint Paul Aurélien, évêque de Léon) naquit vers 480-490 au Pays de Galles. Débarqué sur l’île d’Ouessant au début du sixième siècle, il voyagea à travers l’Armorique où il captura un dragon qui semait la terreur parmi les habitants. Selon la légende, Saint Pol se rendit jusqu’à l’antre du dragon, lui ordonna de sortir de sa cachette et, lorsque le monstre apparut, il enroula son étole autour de son cou. Saint Pol conduisit alors le dragon vers l’Océan et lui donna l’ordre de se jeter dans les flots. Le dragon sauta dans l’eau, quelque part sur l’île de Batz, à un endroit appelé de nos jours « le trou du serpent ».
Saint Pol mourut en 573 sur l’île de Batz. Quatre siècles plus tard, vers l’an 960, après les invasions normandes, un évêque organisa le transfert des reliques du Saint jusqu’à Saint-Benoît-sur- Loire. Le transport du sarcophage s’effectua à dos d’hommes et nécessita de nombreuses haltes. En empruntant les anciennes voies romaines, le convoi passa certainement à proximité d’ici. Peut-être une halte en ce lieu fut-elle à l’origine du nom « Lande Baule », déformation du breton « Lann
Baol » qui veut dire « lieu consacré à Paol ».
Quelques moments tragiques
1793
En novembre 1793, François Le Batteux arriva dans le sud du Morbihan avec l’intention d’en découdre avec les royalistes. Après avoir commis de nombreux incendies et meurtres sur son passage, le commissaire entra dans la ville de Muzillac le 10 décembre.
Après avoir incarcéré les religieuses du couvent des Ursulines, il ordonna qu’on lui établisse une liste de « gens suspects ». Il s’intéressait en particulier à un certain d’Avaux, un aristocrate de la région, soupçonné d’avoir organisé des soulèvements à Redon. Tandis que les gendarmes partaient à sa recherche, Le Batteux demanda que l’on creuse une fosse au cimetière de Bourg-Pol.
D’Avaux, arrêté à Ambon, fut ramené sans ménagement au corps de garde de Muzillac. Il fut
fouillé, on lui prit ses papiers, sa montre et son portefeuille. Devinant le triste sort qui l’attendait, d’Avaux jura qu’il n’était pas coupable des faits qui lui étaient reprochés. Il implora aussi la pitié des soldats, expliquant qu’il était marié et avait trois enfants encore très jeunes… Mais ses bourreaux se moquèrent de lui avec cynisme : « Il n’en restera bientôt plus que quatre dans cette famille ! »
Les bras liés, d’Avaux fut traîné jusqu’au cimetière de Bourg-Pol par des soldats qui chantèrent la Carmagnole tout le long du chemin. Parvenus devant l’église, les soldats lui bandèrent les yeux, le bousculèrent jusqu’à ce qu’il se mette à genoux et tirèrent une salve sur le pauvre homme, à bout portant.
Pour terminer leur besogne, les soldats dépouillèrent le corps de ses vêtements et l’abandonnèrent ainsi devant l’église, baignant dans son sang. Pendant ce temps, deux femmes s’étaient tenues cachées, silencieuses, paralysées de terreur tout au fond de la fosse encore à peine creusée. C’étaient les veuves Guesno et Hervé, les fossoyeuses du cimetière. Deux soldats acceptèrent de leur venir en aide. À eux quatre, ils traînèrent d’Avaux dans sa tombe. Il ne lui restait plus que sa chemise, un soulier et le bandeau sur ses yeux.
1815
Le Samedi 10 juin 1815, le lendemain de la « bataille des écoliers » à Muzillac, où des collégiens de Vannes parvinrent à mettre en échec l’armée napoléonienne, d’autres fosses furent creusées près de l’église.
Dans l’après-midi de cette journée de printemps, tandis que montait le chant de prière pour les morts, les cadavres des combattants, royalistes comme bonapartistes, furent alignés sur le sol dans l’attente d’être bientôt réunis dans une même sépulture. Les écoliers qui n’avaient pas été tués ou blessés au cours de la bataille se serrèrent les uns contre les autres, formant un groupe uni par le chagrin. Les paroissiens de Bourg-Pol présents se joignent à eux dans leurs prières.
Puis la terre recouvrit les cadavres dans la fosse commune, et les écoliers de Vannes tirèrent ensemble une salve d’adieu en l’honneur de leurs camarades ensevelis. Parmi les morts se trouvaient le capitaine Jean-Marie Nicolas, frappé d’une balle en plein cœur, et le sergent Jacques Le Thiec, le barde de la compagnie des écoliers, dont le crâne avait été déchiqueté par un biscaïen au tout début de la bataille.
1846
Un procès-verbal signala le mauvais état de l’église : le clocher avait perdu son aplomb, la flèche penchait vers le Sud-Est et la pointe du pignon Est risquait de s’écraser.
Des travaux furent effectués pendant l’été 1846 mais, le 23 décembre suivant, la foudre tomba sur le clocher, signe avant-coureur de la triste fin qui menacerait bientôt cette église…
1929
Le dimanche 24 novembre 1929, un violent orage éclata sur Bourg-Pol et la foudre s’abattît de nouveau sur l’église. L’incendie d’une flèche de charpente provoqua la chute du clocher.
Le quotidien « Le nouvelliste de Vannes » relata les faits dans une parution du 1er décembre :
À 2 h 30, un coup de tonnerre sec donnait l’impression aux habitants de Muzillac que la foudre était certainement tombée dans les environs très proches du bourg. Certains même se levèrent et, par leurs fenêtres ouvertes, jetèrent un coup d’oeil circulaire pensant découvrir un foyer d’incendie. Ne voyant rien d’anormal, ils se recouchèrent.
Les cloches de l’église paroissiale de Bourg-Paul les appelèrent comme de coutume à 6 heures pour la messe matine.
De tous côtés, la foule entra à l’église, et le prêtre montait à l’autel commencer l’office. Peu après l’Elévation, un homme entrait dans l’église et, bousculant les fidèles pressés près du portail, les informait que le clocher de l’église brûlait.
On crut avoir à faire à un farceur ou un déséquilibré. On le fit sortir de l’église ; on ferma la porte sans plus s’inquiéter de la nouvelle apportée.
Mais quelques minutes plus tard, un second messager entrait dans l’église criant à tue-tête : « Le feu est dans le clocher ! ».
Ce fut alors la panique et les fidèles, au nombre de 300 à 400, se bousculaient pour atteindre les portes de sortie.
Cette bousculade n’eut pas de conséquences graves, grâce au sang-froid de M. l’abbé Bernard, vicaire, qui, se dressant au milieu de la foule, l’exhorta au calme, affirmant qu’il n’y avait aucun danger immédiat. Il y eut seulement quelques contusions sans gravité.
La foule sortit dans le petit cimetière qui entoure l’église. Elle se rendit compte alors que le clocher, situé sur le côté de l’édifice, flambait. »
L’incendie fut maîtrisé plus tard dans la matinée, grâce à l’appui des pompiers de Vannes. Les dégâts étaient importants : le clocher était en ruines, la toiture endommagée, même le choeur était abîmé.
On songea tout d’abord à restaurer l’église. Malheureusement, elle avait été mal entretenue au cours des années précédentes et beaucoup de travaux restaient à prévoir. Jusqu’à la révolution, les seigneurs des paroisses finançaient souvent les travaux d’entretien des églises, qui étaient d’ailleurs souvent leur lieu de sépulture. À Bourg-Paul par exemple, Pierre Le Valois de Séréac fut enterré dans l’église elle-même en 1631, de même que René Le Valois de Séréac en 1729. Après la révolution, plus personne ne s’était occupé de la sauvegarde du bâtiment.
Mais surtout, on reprochait à cette église d’être « mal située, hors du centre, très difficile d’accès » (citation du curé Roblin en 1923). Les paroissiens n’avaient plus envie de grimper « en haut de la montagne » pour se rendre à la messe. L’idée de construire une autre église dans le centre de Muzillac commença à germer.
Finalement, l’église de Bourg-Paul fut détruite sans remords en 1936… Il n’en reste aujourd’hui que l’arc du portant occidental, trois degrés du perron de la tour, une petite croix de pierre et un ossuaire (probablement l’ancienne sacristie) avec la statue de Saint Pol.
Quelques dates à retenir
1419
Appelé en 1418 dans la région par Jean V (duc de Bretagne), Saint Vincent Ferrier, prêtre dominicain espagnol et prédicateur célèbre, s’arrête à Bourg-Pol alors qu’il est en route pour l’abbaye de Prières. Il aurait délivré l’une de ses fameux prêches du haut du perron de l’église.
Il devient ainsi le patron secondaire de la paroisse.
1560
Rien ne va plus entre les habitants de Bourg-Pol et leur recteur…
Ce dernier finira par entrer en procès contre ses paroissiens, qui lui refusaient certains droits sous prétexte qu’il ne résidait pas sur les lieux et qu’il ignorait la langue bretonne !
1634-1637
Années noires à Bourg-Pol, quand la peste se répand dans la paroisse et entraîne une forte mortalité.
1760
Bénédiction de la première cloche de l’église, parrainée par l’abbé de Prières et la veuve de René Le Valois de Séréac.
BIBLIOGRAPHIE
« Histoire de Muzillac en Basse-Bretagne », Claude Le Duigou, éd. Le Livre d’histoire, 2006
« Muzillac, empreintes du temps » Almanach Histoire et patrimoine, Commune de Muzillac, 2010
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