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1795 : de la difficulté à réunir les officiers municipaux !

Le terme de « commune », au sens de l’administration territoriale contemporaine, est imposé par le décret de la Convention nationale du 10 brumaire an II (31 octobre 1793) : «La Convention nationale, sur la proposition d’un membre, décrète que toutes les dénominations de ville, bourg ou village sont supprimées et que celle de commune leur est substituée ».

De 1789 à 1799, les agents municipaux (maires) sont élus au suffrage direct pour 2 ans et rééligibles par les citoyens actifs de la commune, contribuables payant une contribution au moins égale à 3 journées de travail dans la commune. Sont éligibles ceux qui paient un impôt au moins équivalent à dix journées de travail.

Début février 1795, Gillot, l’agent municipal de Muzillac, (il s’agit sans doute de Gillot de Kerarden, notaire, mentionné comme maire de Muzillac en 1787, juge de paix du canton en 1793, et qui sera nommé président de la municipalité de Muzillac le 8 frimaire an VI), écrit à « son supérieur » pour lui faire part des difficultés qu’il rencontre à réunir « son conseil municipal».

« Muzillac le 9 ventôse 3e année [27/02/1795] de la république françoise

Au citoyen agent national du district de la Roche Sauveur [la-Roche-Bernard]

Citoyen

Je t’envois le procès verbal concernant la réorganisation de la Municipalité et du Conseil général de la commune de Muzillac, la présentation de serment et l’installation des nouveaux Membres.

J’ai prévenu par billet touts ceux que tu as nommé de se rendre le jour d’hier à la chambre commune.

Le citoyen Jean Pierre Bigaré cloutier est venu le premier avec un tablier au devant de lui et un bonnet sur la tête. Je lui ai demandé ce qu’il vouloit, il m’a répondu qu’on l’avoit averti de venir à la chambre ; je lui ai dit qu’il étoit vrai que je l’avois averti d’y venir mais que ce n’étoit point avec un tablier et un bonnet ; il a répondu qu’il y étoit venu d’autres fois avec ce costume ; je lui ai dit que cela pouvoit être ; mais que ce n’estoit point en cet état qu’il auroit été reçu officier municipal ni qu’il auroit presté le serment et qu’il méritoit d’etre mis a la porte. Il a sorti.

Je l’ai envoyé chercher par plusieurs membres de la Municipalité. Il leur a donné de mauvaises raisons et n’a pas daigné se mettre en habit décent, et revenir à la chambre.

Les citoyens Duport et Cygoigne se sont présentés a la chambre commune, et ont dit que, puisque les citoyens Bigaré et Jacques Boceno n’y étoient pas, qu’ils n’y esteroient pas et qu’il falloit que tous les membres y eussent étés.

Je leur ai dit qu’ils avoient été nommés officiers municipaux, qu’il falloit prester le Serment ; ils m’ont répondu qu’ils ne le feroient pas et se sont retirés ; ils ont dit qu’ils iroient plutôt en prison.

Le citoyen Jean Miles notable est venu regarder a travers les vitres de la fenêtre de la chambre commune ; mais il n’a pas daigné y rentrer, et il a dit aussi qu’il iroit en prison avant d’y venir.

Le citoyen Jacques Boceno officier municipal quoique qu’averti par billet, et verballement a refusé de se rendre à la chambre commune.
Je n’ai pas besoin, citoyen, de te dire ce que méritent ces citoyens récalcitrants qui ne veulent point se rendre utiles au Public, et qui ne sont Patriotes que par force et pour leur interet personnel.

Les Notables de la campagne ne se sont pas rendu a ma premiere invitation, je leur a encore aujourd’hui envoyé des billets pour se rendre a la chambre commune le onze du présent.

Je te dirai, citoyen, qu’il s’est glissé une erreur dans la formation des notables en ce que nous t’avons, sans y prendre garder, présenté quatre Particuliers d’une seule section au lieu d’en présenter de chaque section : il est vrai que la contiguité des villages est la cause de cette erreur.

Nous conserverons pour la section de Lisloc les citoyens Jean Lorvol et Julien Le Boterf. Et en la place les citoyens Vincent Muguerec et Guillaume Saludo, qui sont aussi de Lisloc, nous te présentons Joseph Le Go et julien Le Chastal pour la section de Larmor.

Salut et fraternité. Gillot, agent. »

Quelques mois plus tard, la constitution instaurée le 22 août 1795 (5 fructidor), met en place les municipalités cantonales. Chaque commune élit dorénavant un agent municipal qui participe à la municipalité cantonale. L’agent municipal passe sous l’autorité des “présidents des municipalités cantonales”.

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